Statue symbole du carnaval : Lu Long-Né
561ème édition du Cwarmê en 2019. Photos prises le dimanche 3 mars lors du passage du grand cortège,avec la sortie des 15 masques traditionnels.
Le Cwarmê, carnaval wallon n’est pas qu’une parade, les participants au cortège font réagir le public. "Chaque masque traditionnel fait participer les membres du public en allant les taquiner, sans jamais être agressif, ni méchant".
Il est présent au sein du cortège dès la fin du xixe siècle. Sa figure est recouverte d'un masque au nez proéminent, d'un long bonnet de meunier rouge et blanc et d'une pipe blanche. Il porte le traditionnel sarrau ardennais de couleur bleue, un pantalon blanc ainsi qu'un foulard rouge et blanc. Ils se rassemblent par groupe de 5 à 8 personnes et choisissent leur « victime » dans le public qu'ils imitent jusqu'à ce que cette dernière se résigne à offrir la tournée à la bande. Étant donné la quantité de boissons diverses que les « Longs-Nés » doivent absorber dans la journée, un règlement de bonne conduite a été mis en place par le Royal Syndicat d'initiative de Malmedy. De plus, un arrêté communal impose aux participants désirant interpréter ce rôle d'avoir au minimum dix-huit ans, âge légal en Belgique pour la consommation de spiritueux !
Pour tenir ce rôle une bonne condition sportive est nécessaire!
Danse de la Haguète
La « Haguète » est le personnage le plus emblématique du Carnaval de Malmedy. Reconnaissable à son grand chapeau coiffé de plumes d'autruches multicolores, elle saisit gentiment le spectateur à la cheville avec un instrument en bois nommé « hape-tchâr » (attrape-chair), sorte de herse en bois articulée et extensible se terminant par des pinces. Elle invite alors le spectateur à mettre un genou à terre pour « demander pardon », en wallon bien évidemment. La citation : « Pardon, Haguète, à l’ cawe do ramon, dju nu l’ f’rès jamês pus ! » (Pardon, Haguète, à la queue du balai, je ne le ferai jamais plus !). Au xixe siècle et jusqu’au début du xxe siècle, la « Haguète » était armée d’un balai (« ramon » en wallon) et non de son « hape-tchâr » actuel. Elle poursuivait alors un personnage féminin malpropre appelé « Marie-Françoise » ou « Marèye-Droûsse » qui la narguait en hurlant : « Êyou ! Haguète, dju n’a nin pawe du vos ! » (Êyou! Haguète, je n’ai pas peur de vous !). Cette « Marèye-Droûsse » a aujourd’hui totalement disparu du Cwarmê et la « Haguète » s'en prend depuis aux spectateurs amusés.
La « Haguète » était naguère beaucoup plus modeste, le vêtement taillé dans des tissus ordinaires et le chapeau orné de plumes de coq. Aujourd’hui, le déguisement est devenu bien plus riche, en velours garni d'éléments en satin brodé, de galons argentés ou dorés, des franges au masque, aux manches, au pantalon, des grandes plumes d’autruches multicolores, etc. Tout ce déploiement de luxe en a fait le masque le plus prestigieux et le plus représentatif du Cwarmê.
Concernant le « hape-tchâr », il est à noter que si la coutume se plaît à rappeler qu’il servait à tendre la nourriture aux lépreux, il est bien plus vraisemblable qu'il soit lié à son usage domestique, c'est-à-dire celui de dépendre les salaisons du dessus des cheminées, d’où son nom d'« attrape-chair » !
Déambulation et combat des Arlequins
Lu Hâlikin
Il représente l’Arlequin de la «Commedia dell’Arte » italienne. Il aurait été incorporé dans le Cwarmê au xixe siècle, avec Pierrot, Paillasse et Colombine. Aujourd'hui, ne subsiste plus qu'Arlequin et Pierrot.
Le costume de « Hârlikin » est resté très semblable à celui d’origine : veste et pantalon en losanges colorés, grelots aux poignets et aux chevilles, collerette blanche et un loup noir sur les yeux. On lui a cependant apporté quelques détails. Son chapeau de feutre de type bicorne porte à une extrémité une queue de renard avec laquelle « Hârlikin » chatouille le visage des spectateurs. À l'origine, les « Hârlikins » apparaissaient souvent par paires et se battaient en duel avec leur petit sabre en bois aux couleurs de Malmedy. Aujourd'hui, on retrouve ce spectacle le dimanche du carnaval à 13 heures. On peut les voir faire des pirouettes sur la place Albert Ier de Malmedy, juste après la Danse de la « Haguète ».
Le Boldjî (Le boulanger)
Le « Boldjî » est un personnage ventripotent vêtu d'un tablier et d'une toque blanche. Il représente de manière caricaturale le boulanger local. Sur son habit de travail et son couvre-chef sont cousus des « britzèls », terme wallon pour désigner la célèbre brioche originaire d’Allemagne du Sud. Son rôle est de s'approcher discrètement des spectatrices et d'utiliser sa pelle en bois pour leur effleurer les fesses tout en faisant un commentaire wallon à propos de la cuisson du « pain ».
Pendant que je me concentrais à croquer des photos j’ai reçu 2 coups de pelle sur les fesses simultanément par 2 boulangers avec pour commentaire « il est bien cuit celui-là » !!! Surprise totale.
Le Cwapî (le cordonnier)
Le « Cwapî » est un autre personnage représentant un métier populaire : le cordonnier. Il a des cheveux roux hirsutes et est vêtu d'un tablier bleu dans lequel se trouve toute la panoplie du cordonnier. Ils se déplacent par groupes de deux ou trois. Ils sont munis d'un tabouret et d'une série de vieilles chaussures dépareillées. Ils sélectionnent une « victime » féminine, la font s'asseoir pour mesurer ses pieds, lui font retirer ses chaussures et lui proposent une de leurs nouvelles paires très « tendance ».
Les cordonniers découragés par mes bottines de randonnée !
Le « Pièrot (Le Pierrot)
Le « Pièrot » du Cwarmê malmédien est l'autre personnage issu de la « Commedia dell’Arte ». Il est toujours vêtu d’un costume blanc garni de gros boutons noirs, il porte un chapeau en pointe également décoré de boutons noirs.
Il distribue des oranges sanguines et des noix qu’il porte, les unes dans une corbeille d’osier, les autres dans un sac en bandoulière. Jadis, lorsque le « Pièrot » était à court de provisions il se laissait tomber de tout son long sur la chaussée et on le traînait alors jusqu’au char-ravitaillement en chantant : « Pôve Pièrot, qui n’a pus dès djèyes ! » (Pauvre Pierrot qui n’a plus de noix !).
Lu Soté (Le nain)
Le « Sotê » est la figure du nain que l'on retrouve dans les légendes locales. Il s'agit du nuton malmédien. Il habitait dans les grottes de Bévercé à quelques kilomètres de Malmedy. Ces nains rendaient des services à la population en échange de vivres.
Afin de ressembler à un nain sans rétrécir pour autant changer la taille du masqué, un visage en carton peint a été placé à hauteur des cuisses. Le dessus du corps est entièrement recouvert d’un énorme haut-de-forme. Étant donné que le masqué a les bras coincés sous le chapeau, il se muni de bras artificiels terminés par des mains gantées de blanc (similaires au « Longuès-Brèsses »).
Il évolue en début de cortège en sautillant et en taquinant les spectateurs au moyen de ses longs bras. Il reste cependant muet. Il porte également un habit à basques et un pantalon multicolore. Son masque d’environ 50 centimètres de largeur porte une longue barbe crépue et effilochée.
Il s'agit d'un très ancien travestissement qui apparaît dans des écrits du milieu du xviiie siècle. Il avait pratiquement disparu du Cwarmê en 1920, mais quelques traditionalistes l'ont remis au goût du jour dès les années 1970 et, actuellement, une joyeuse bande de « Sotês » anime le carnaval dès le samedi aux côtés du « Trouv’lê » et de la « Grosse Police ».
Lu Sâvadje-Cayèt (L’africain)
Il représente un homme issu d'une tribu africaine tel qu'il était décrit par les explorateurs revenus d'Afrique. À travers ces récits exagérés, les Malmédiens du xixe siècle ont imaginé ce costume qui n'a cessé de s'embellir au fil des décennies. Son visage est entièrement maquillé de noir. Il porte une perruque sombre et un diadème argenté ou doré orné de plumes colorées. Son buste revêt une cotte recouverte de plaquettes de bois, souvent peintes aux couleurs de Malmedy (noir, jaune et vert), qui s’entrechoquent au moindre mouvement. Ces plaquettes de bois sont nommées « cayèts » en wallon et désignent les petits éclats de bois résultant de la coupe des bûcherons, qui étaient utilisés jadis utilisés pour la confection du costume. Il est muni d’une massue en mousse et frappe gentiment les têtes des spectateurs avec des gestes exagérés. Ce costume de bois peut parfois peser jusqu'à 8 kilos.
D'après le spécialiste Jean Sebille, la couleur de peau noire du « Sâvadje-Cayèt » peut, à l'origine, aussi bien signifier un homme africain, un indien ou encore tout autre personnage considéré comme exotique à l'époque.
Le « Longuès-Brèsses » (le longs-bras)
est déjà mentionné en 1874, époque à laquelle la « Marche do Trouv’lê » est composée. Il représente la figure du clown, coiffé d’un minuscule haut-de-forme orné d’une plume de paon. Les manches de son costume et sa queue-de-pie colorée sont démesurément allongées. Occasionnellement, il porte une cagoule blanche bariolée de différentes couleurs.
Les « Longuès-Brèsses » s’amusent à ébouriffer les cheveux des spectateurs ou à chaparder le couvre-chef d'une personne pour le replacer sur la tête d'un autre spectateur.
Le Longuès-Brèsses version canine!
Une victime décoiffée.....qui se voit couverte d'un chapeau chapardé par un Longuès-Brèsses!
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Lu Long-Ramon (Le long-balai)
« Long-Ramon » signifie long-balai en français. Ce masque traditionnel est le plus récent puisqu'il apparaît seulement dans les années 1920. Dérivé du « Longuès-Brèsses » (longs-bras), sans les extensions des bras, il est aussi coiffé d'un minuscule chapeau orné d'une plume de paon. Il porte une veste en queue-de-pie, un nœud papillon coloré et un pantalon blanc. Son outil, le « ramon » (balai en français), est une longue perche en bois terminée par un bouquet de genets. Ce long balai de plus de 5 mètres lui permet de décoiffer les spectateurs situés à l'arrière de la foule et d'atteindre les fenêtres des maisons pour y surprendre les habitants. Situés aux endroits plus espacés du cortège, ils marchent de manière nonchalante et tourne subitement sur lui-même, obligeant la foule à se baisser pour éviter son balai long de plusieurs mètres.
Lu Véheû (le putois)
Coiffé d’un bonnet carré et vêtu d’une culotte serrée aux genoux et de bas blancs, il frappe délicatement les spectateurs avec une vessie de porc au bout d’un fouet.
Les musiciens et le répertoire musical.
L'originalité du carnaval de Malmedy ne se situe pas uniquement au niveau visuel, ni des coutumes et de la gestuelle des participants. Un aspect absolument particulier de cette festivité est sa musique. Lors de la création des sociétés musicales actuelles, des marches furent composées. Elles s'intégraient aux thématiques sélectionnées chaque année. De nos jours, c'est toujours le cas. Les musiques du carnaval de Malmedy respectent la mesure du 6/8, rythmique à deux temps qui permet aux masques traditionnels de battre la mesure avec les ustensiles qui accompagnent les costumes.
Une production énorme de chansons issues des rôles du lundi du carnaval a laissé des chansons tantôt comiques, tantôt tendres. Depuis les années 1950, de nombreux enregistrements ont été réalisés par les sociétés ou des particuliers. Il s'agit évidemment d'un répertoire musical exclusivement wallon qui a supplanté tous les autres dans le cœur des Malmédiens. Durant le Cwarmê ces chansons sont diffusées en rue, dans les cafés et chez l'habitant. Lors du bouquet final du dimanche, toutes les sociétés participantes interprètent les airs les plus connus afin de conduire l’immense farandole des masques traditionnels.
Plusieurs chansons sont devenues des classiques au Cwarmê : Tching-Boum! (Robert Counson, 1960), Lu tchant do mâssî toûr (Robert Counson, 1960), Les mâm’diyins (Robert Counson, 1961), Hop’ on vêre ! (Sylvain Michel, 1962).
Champoing, coupe, mise en plis…
Le cheval ardennais et son amazone !
Une Haguète qui sévit et attend un repentir sincère de sa victime à genou !
Un taquineur à la queue de renard !
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